Logo CeCaB

Résumé des communications du colloque Châteaux et Atlas

19-21 octobre 2012 - Château de Bellecroix (Chagny - S. & L.)

Actes du colloque Châteaux et Atlas

Colloque du CeCaB Châteaux et atlasLe public du colloque est composé pour moitié de chercheurs et moitié de passionnés.

Jean-Paul GuillaumetSous le regard de Sylvie Le Clech, Jean-Paul Guillaumet, Directeur de l'UMR ArTeHiS, a assuré l'introduction du colloque.
Colloque du CeCaB Châteaux et atlasUn colloque est aussi l'occasion de nombreux échanges entre les participants.
Nicolas FaucherreAvec le soutien malicieux d'Hervé Mouillebouche, Nicolas Faucherre, Professeur à l'université d'Aix-Marseille et Responsable de l'équipe de castelollogie du CESCM de Poitiers (UMR 6 223 du CNRS), s'est livré à une conclusion très lyrique du colloque.

 

Détail des interventions : cliquez sur le nom de l'intervenant pour accéder directement au résumé dans la page.

Châteaux et inventaires
Châteaux et cartographie
  • Paul Fermon - Le rapport au réel des vues de châteaux dans les plans du XVe siècle
  • Nathalie Bouloux - Les châteaux sur les cartes : représentation de forteresses et villes fortes sur les mappaemundi et les cartes territoriales (XIIe-XVe siècles)
  • Stéphane Blond - La représentation des châteaux dans l'atlas de Trudaine. Quelques demeures royales et seigneuriales au cours du XVIIIe siècle.
  • Sylvie Le Clech - Les châteaux sur les atlas des routes des États de Bourgogne
  • Jean-Charles Ducène - La représentation des fortifications dans les manuscrits arabes, persans et turcs (xiie-xviiie siècle) : idéalisation et stéréotype
  • André Bouvard - Châteaux et bourgs dans la cartographie ancienne de la principauté de Montbéliard (début du xviie siècle)
  • Nicolas Faucherre - Documenter une forteresse disparue par les atlas militaires européens : le cas du Montroyal (Rhénanie-Palatinat)
  • Bernard Gauthier, qui nous avait annoncé une communication sur les châteaux de Lyon, a été contraint de renoncer à son intervention pour des problèmes d'emploi du temps. Il a été remplacé par M. Victorien Leman, doctorat de l'Université de Picardie :
  • Victorien Leman - Les châteaux des sires de Créquy : étude d'un réseau résidentiel de la moyenne noblesse artésienne et picarde (XIVe-XVIe siècle)
Châteaux et iconographie
  • Clémence Mathieu - Les habitats de la petite noblesse dans l'ancien comté de Hainaut (XVe-XVIIIe) et leur représentation dans les albums de Croÿ. Un état de la question
  • Marie Henrion - Délices et atlas : la représentation des châteaux forts aux païs de Brabant et de Liège dans les documents iconographiques du XVIIIe siècle
  • Jean-Bernard de Vaivre - « Je vous envoie en paincture la cité de Rhode et le siège des Turcqs » : Représentations de Rhodes au lendemain du siège de 1480
  • Marie-Beatrice Bettazzi - Les images de villes dans les châteaux de la Renaissance en Italie
  • Pierre-Yves Laffont - L'apport de l'armorial de Guillaume Revel à la castellologie. L'exemple des sites foréziens de l'armorial
  • Alain Kersuzan - Les fresques des châteaux de Cornillon et de Pont-d'Ain au château des Échelles (Ain)
  • Ekaterina Bulgakova - Les châteaux français dans les descriptions illustrées du royaume et dans les guides de voyage des XVIIe-XVIIIe siècles : choix, regroupement, mode de représentation
  • Philippe Bragard, qui devait présenter une synthèse sur l'utilisation et la limite des plans et vues pour la castellologie, a été contraint de renoncer à sa publication pour des problèmes de santés. Il a été remplacé par René-Pierre Lehner, archéologue des bâtiments du CeCaB.
  • René-Pierre Lehner - Le palais des ducs de Dijon : dossier iconographique et découvertes archéologiques

 

Châteaux et inventaires

Charles-Laurent Salch

Charles-Laurent Salch

Docteur en archéologie, directeur du Centre d’Archéologie Médiéval de Strasbourg

Atlas des châteaux

Questions : Qu’est-ce qu’un Atlas ? Définition, Objet, Méthode

Définition
Qui dit Atlas dit géographie. Un atlas est un inventaire de lieux physiques portés sur une carte. Il faut donc définir quels lieux on veut cataloguer et en saisir la matérialité. La question est aussi difficile que la définition du mot château. Un atlas n’est pas un dictionnaire historique et encore moins une encyclopédie. Si on met trop de renseignements sur une carte, elle devient illisible, si on n’en met pas assez, elle devient inutile. Il faut réfléchir au contenu de la notice qui accompagne chaque lieu sur la carte : les orthographes du nom, la manière de localiser et à partir de quoi, la limite de la description physique, la limite du contenu historique.

Objet
Il paraît important de définir ce qui est inventorié pour rendre un Atlas lisible. Lorsque je me suis lancé dans l’aventure du premier Atlas des châteaux à partir des années 1970 et jusqu’en 1979, l’objet était de donner pour la première fois un aperçu aussi large que possible des diverses variantes des architectures de la classe nobiliaire pendant cinq siècles sur l’ensemble du territoire national. Malgré leurs défauts et leurs carences, les deux Atlas et leur complément le « Dictionnaire des Châteaux », en fait un atlas sous forme d’index alphabétique, ont atteint leur objet ; ils comblaient un manque tellement évident qu’ils ont été diffusés à près de 20 000 exemplaires.

Il est certain qu’un atlas actuel, plus de quarante ans après, doit répondre à d’autres exigences. La castellologie a produit d’autres travaux et soulevé d’autres questions. D’ailleurs, j’ai énuméré moi-même dans leur introduction l’insuffisance des premiers livres. J’ai d’ailleurs remis l’ouvrage sur le métier dès le début des années 1980. Une cinquantaine de départements a été profondément révisée, une quinzaine est prête à la publication, trois ont paru.

Méthode
L’objectif des nouveaux Atlas a été redéfini. Mais bien entendu, il s’agit d’un choix personnel et non d’une proposition universelle. J’ai choisi de ne retenir que les architectures et j’ai écarté les sites purement archéologiques. Par contre, j’ai conservé un large éventail d’architectures, je l’ai même élargi à l’architecture civile urbaine pour établir un corpus de portes et de fenêtres.
Reste le problème de la localisation. Grâce au satellite, elle devient plus aisée. Elle ne dispense cependant pas d’aller voir sur place pour décrire, car le but d’un atlas est bien de saisir l’aspect physique des choses. Pour la révision des Atlas prêts à l’édition, j’ai parcouru de 5 à 7 000 km dans chaque département. Même si cette distance peut être quelque peu raccourcie grâce aux vérifications possibles des localisations par satellite, la recherche des architectures sur le terrain demande encore un temps considérable et un kilométrage très conséquent.

Jean-Luc Bicsop

Jean-Luc Biscop

Architecte urbaniste en chef de l'État ; chef du département des systèmes d'information patrimoniaux, DGP, MCC, UMR 8 167 Orient et Méditerranée

L’Atlas des patrimoines

L'Atlas des patrimoines est la plateforme cartographique des données patrimoniales nationales et, plus largement, de toutes les données culturelles géo-référencées. Outil de diffusion accessible sur Internet réalisé par le ministère de la culture et de la communication, il présente des informations documentaires ou à portée règlementaire (monuments historiques et leurs abords, secteurs sauvegardés, sites etc.) produites par les services déconcentrés ou décentralisés. Interfacé avec le GéoPortail, il utilise le fond cartographique de l'Institut Géographique National jusqu'à la grande échelle (cadastre) et s'appuie sur les mêmes formats de données, ce qui permet les échanges et la co-visualisation des informations cartographiques pour l'analyse, la planification et l'aménagement du territoire.

L'Atlas est associé à un géo-catalogue d'indexation les documents et de leurs métadonnées. Il offre à ce jour une couverture des trois quarts du territoire pour les données réglementaires grâce à la contribution des services régionaux et, surtout, départementaux, qui utilisent déjà l'outil en intranet pour l'instruction des dossiers de demande d'autorisation d'urbanisme en espaces protégés. De nouvelles cartes thématiques sont en cours de préparation : Musées de France, Villes et Pays d'Art et d'Histoire, Patrimoine xxe siècle, Maisons des Illustres etc. Ouvert aux contributions professionnelles et scientifiques, l'Atlas des patrimoines pourrait prochainement s'enrichir d'une ou plusieurs couches castellologiques.

Bernard Toulier

Bernard Toulier

Conservateur général du patrimoine, DGPat, MCC / CNRS, Centre André Chastel, responsable du programme Architectures de la villégiature

L’atlas des châteaux du photographe Gustave William Lemaire (1848-19..)

En 1986, le service des Archives Photographiques acquiert un fonds de plus de 6 000 clichés pris entre 1880 et 1920 par un photographe établi à Vineuil (Loir-et-Cher) : Gustave William Lemaire. La majorité de ces plaques de verre et de ces tirages représente des vues extérieures ou intérieures de châteaux du Grand Ouest de la France, dans un périmètre incluant les actuelles régions de la Picardie au Poitou-Charentes, et de la Bretagne à l'Île de France, en débordant jusqu'à la Bourgogne.

Ce vaste corpus de clichés est à mettre en rapport avec la production de tirages que l'on retrouve dans les archives privées de quelques châteaux, de l'édition de cartes postales, d'une entreprise éditoriale de planches imprimées sur Les châteaux de France, publiées par Charles Massin à partir de 1912 et de l'illustration d'articles parus dans des revues comme L'Illustration ou La Vie à la campagne. Quels sont les critères qui ont présidé au choix de ces châteaux et aux types de prises de vue ?

Hervé Mouillebouche

Hervé Mouillebouche

Maître de conférences en histoire médiévale à l’université de Bourgogne, UMR 6 298 ArteHiS

Applications d’un inventaire géolocalisé : châteaux et réseaux viaires en Bourgogne

La base de données du centre de castellologie de Bourgogne regroupe actuellement environ 2 600 sites médiévaux fortifiés, dont 1 600 (Côte-d’Or et Saône-et-Loire), ont été vérifiés sur le terrain et positionnés avec une précision décimétriques (Lambert 2). La géolocalisation est accessible en aperçu en mode natif dans la base de données, exportable sur CartoExploreur© et sur Google Earth©. Cet outil permet de vérifier ou d’infirmer certains postulats : il n’est pas surprenant de constater, à petite échelle, que les sites fortifiés s’alignent le long des rivières et des grands axes de circulation, puisque la répartition de l’habitat fortifié suit grosso modo celui du peuplement médiéval. À plus grande échelle en revanche, les exceptions sont nombreuses.

Si la proximité des cours d’eau est systématiquement recherchée dans un souci stratégique, en revanche, la relation entre habitat fortifié et voie de communication – quand son emplacement est connu au Moyen Âge – semble beaucoup plus aléatoire. Les caractérisations chronologiques et typologiques de chaque site permettent enfin de visualiser l’évolution et la périodisation de la stratégie de surveillance des axes de communication.

Marie-Pierre Baudry-Parthenay

Marie-Pierre Baudry-Parthenay

Docteur en archéologie médiévale, UMR 6 223 CESCM Poitiers, gérante d’Atemporelle, entreprise agréée en archéologie du bâti.

Du paysage contemporain au territoire médiéval : inventaire des châteaux romans en Poitou-Charentes

En engageant un inventaire des châteaux du xe au xiie siècle en Poitou-Charentes, nous n’avons pas voulu nous limiter à un catalogue des sites, mais enquêter sur le rôle et la place du château dans la formation des bourgs et la transformation des paysages.
L’étude des textes et l’étude de terrain ont été engagées avec un double objectif : l’analyse architecturale et l’analyse des relations entre le château et son environnement (village, chapelle, relief, cours d’eau, etc.) La difficulté – et l’enjeu – d’une telle recherche est de pousser la synthèse pour restituer le territoire des châteaux à la période considérée. On doit s’interroger en particulier sur la pertinence de l’étude des données cartographiques et iconographiques de l’époque moderne ou contemporaine. Alors que les bases de données se multiplient en différents domaines et que la numérisation des sources documentaires facilite grandement le récolement des informations, il devient paradoxalement plus difficile de se risquer à des exercices de synthèse. Les grilles d’analyse, les critères descriptifs s’affinent au fur et à mesure de l’enquête…

Cette communication s’attachera moins à livrer les résultats de cette longue enquête déjà publiée qu’à présenter les méthodes d’investigation, croisant les techniques traditionnelles d’analyses des textes, de l’iconographie et du terrain, tout en bénéficiant des apports récents des nouveaux outils de gestion des données et de géolocalisation.
Elle soulignera les apports et les limites de la multiplication des bases de données, qui apparaissent au final davantage comme un support de présentation et de classement qu’un outil d’analyse.

Châteaux et cartographie

Paul Fermon Paul Fermon

Doctorant EPHE Paris, s. dir. Patrick Gautier-Dalché

Le rapport au réel des vues de châteaux dans les plans du XVe siècle

Au xve siècle, les auteurs de cartes locales et de plans représentaient l'espace proche à partir de vues du paysage environnant. Les châteaux et les localités fortifiées étaient à la fois des éléments remarquables des étendues observées et les marqueurs significatifs des juridictions et de l'occupation humaine. Ils devinrent des objets usuels de représentation dans la cartographie locale.
Les portraits de lieux fortifiés étaient à chaque fois conçus avec un soin particulier, supérieur au reste de la représentation. Cependant, bien qu'appuyés sur des observations ou des connaissances de terrain, ils correspondent assez peu sur la forme aux descriptions écrites contemporaines et aux vestiges archéologiques. Les vues d'édifices fortifiés entretiennent en fait un rapport au réel sous condition, structuré par des commodités d'usages, des procédés picturaux et des manières de percevoir l'espace proche.

Après avoir mis en évidence la variété des emplois et le rôle structurant des représentations castrales dans la cartographie locale de la fin du Moyen Âge, nous analyserons les moyens techniques mis en œuvre pour figurer les sites fortifiés au sein d'espaces plus larges. À partir de ces constats, nous examinerons l'éventualité à cette époque du recours aux « plans de châteaux », pour les ouvrages défensifs qu'ils contiennent, à des fins de connaissance et d'appréhension d'un territoire.

Nathalie Bouloux

Nathalie Bouloux

Maître de conférences à l’université de Tours

Les châteaux sur les cartes : représentation de forteresses et villes fortes sur les mappaemundi et les cartes territoriales (XIIe-XVe siècles)

Que peuvent apporter les cartes médiévales, qui relèvent surtout d’une histoire culturelle des représentations de l’espace, aux historiens qui étudient les aspects matériels des fortifications médiévales ? Les mappemondes, au même titre que les cartes régionales ou locales, représentent l’espace tel qu’il est perçu et pensé par les cartographes. Les villes et leurs fortifications – plutôt que les châteaux ruraux, quasiment inexistants –, sont un élément constitutif de la représentation cartographique. À partir d’exemples pris sur des cartes de nature différente, les mappemondes qui dessinent l’ensemble de l’orbis terrarum et les cartes territoriales ou régionales, on examinera les diverses manières de signifier la ville fortifiée.

Sur les mappemondes médiévales, les vignettes urbaines, adaptées de modèles antiques et souvent très stylisées, dessinent principalement des fortifications (murs, portes, tours, coupoles). Loin de se contenter de reproduire les dessins antiques, les cartographes adaptent les vignettes en utilisant des éléments de l’architecture militaire et monumentale contemporaine, à partir desquels ils construisent une hiérarchie de villes. Les cartes territoriales et régionales qui se multiplient dans les derniers siècles du Moyen Âge, notamment en Italie, dessinent des villes de manière réaliste, comme l’illustre une carte de Brescia, réalisée vers 1470-1471 sur laquelle figurent soigneusement dessinées les enceintes de la ville, notamment celle de la Citadella nuova achevée en 1361 par Bernabò Visconti. Néanmoins, il convient d’utiliser cette cartographie avec prudence dans la mesure où ces cartes ne sont pas seulement « réalistes » et « modernes » mais également souvent de nature idéologique. La manière dont elles ont été conçues, comme les objectifs qui ont présidé à leur réalisation, doivent être analysés au cas par cas.

Stéphane Blond

Stéphane Blond

PRAG à l’université d’Évry-Val d’Essonne

La représentation des châteaux dans l’atlas de Trudaine. Quelques demeures royales et seigneuriales au cours du XVIIIe siècle.

Longtemps relayé au rang de simple illustration pour la qualité de son iconographie, l’atlas de Trudaine constitue une source très précieuse pour appréhender les paysages d’antan, en particulier ceux qui comprennent des châteaux.
Réalisé au cours du tiers médian du xviiie siècle, l’atlas dit de Trudaine a pour vocation première d’inventorier les routes royales avant des travaux de réfection ou de construction. Cet outil cartographique commandé par le Contrôleur général des Finances Philibert Orry et confectionné sous l’autorité des intendants des finances Trudaine père et fils, est un support de premier choix pour une analyse très fine du réseau routier et des éléments paysagers situés aux abords de ces routes. En ce sens, de multiples châteaux sont représentés, qu’il s’agisse de demeures royales ou seigneuriales.

Après une rapide mise en perspective historique de l’atlas, plusieurs études de cas consacrées à des châteaux conservés ou aujourd’hui disparus (Versailles, Fontainebleau, Chanteloup, Richelieu…) permettront de révéler les enjeux de cette collection. Une grande variété d’études est envisageable, comme des recherches sur le bâti, les jardins d’agrément, le système défensif et l’espace environnant.

Sylvie Le Clech

Sylvie Le Clech

Directrice de l’appui scientifique des Archives Nationales, UMR 6 298 ArTeHiS

Les châteaux sur les atlas des routes des États de Bourgogne

D'élaboration laborieuse, l'atlas des routes et chemins de la province de Bourgogne est avant tout une initiative des États de Bourgogne, qui souhaitent faire aboutir le plus facilement et aux conditions économiques les plus favorables, la levée des routes et chemins de la province, avec les limites de la Bourgogne et des territoires voisins, la Champagne et la Franche-Comté. Le décret de 1739 fonde la décision de principe de réaliser cette vaste entreprise, finalement rendue faisable uniquement en 1759 et s'échelonnant jusqu'en 1780. Plus de 283 cartes, aujourd'hui en ligne sur le site des Archives départementales de la Côte-d'Or, permettent, en suivant le parcours qui concerne essentiellement la Côte-d'Or, de replacer les châteaux dans un triple contexte : géographique, historique et économique. Dans la mesure où le but des ingénieurs auteurs de ces cartes n'est pas de faire une recension des châteaux mais de fabriquer un document de gestion récapitulatif et synthétique pour leurs commanditaires, soucieux de trouver leur place vis à vis des deux autres provinces voisines et vis à vis du domaine royal dans lequel les pays d'État sont jaloux de leurs prérogatives, on ne s'étonnera pas des incohérences de cette source qu'il faut apprendre à critiquer quand on s'intéresse à l'existence attestée ou non, à la distribution et à la représentation des châteaux en Bourgogne et ce sur la longue durée. L'atlas ne permet que très partiellement une généalogie ascendante des châteaux de Bourgogne. Il n'intitule même pas « châteaux » tous les châteaux aujourd'hui attestés comme tels par les recherches sur le sujet. Il privilégie des espaces ruraux et leurs activités économiques au détriment des villes, mais se révèle riche d'enseignements sur les espaces péri urbains de Dijon et d'Auxerre.

Connaissant ces limites, le chercheur peut en revanche les dépasser et exploiter pleinement l'atlas pour en tirer profit sur les points suivants : le château est toujours replacé et dessiné avec assez d'exactitude dans son environnement non seulement paysager mais aussi du point de vue de son accès par les routes et depuis les villages, pour qu'on puisse se livrer à des analyses rétrospectives sur l'aménagement du territoire bourguignon, même si le document ne couvre pas toute la Bourgogne ni actuelle ni historique ; les représentations alliées à l'emploi ou non du terme de « château » fournissent des pistes de recherches sur l'évolution des différents types de châteaux, leur oubli symbolique et non spatial, leur évolution, leur permanence et donc leur historicité. Enfin, au Moyen Âge comme à l'époque Moderne, le château n'est pas un édifice isolé, il est au cœur d'un système économique qui évolue au cours de la période moderne, privilégiée dans l'atlas, eu égard à la date d'élaboration du document. La communication, à partir de quelques exemples, s'attachera à traiter ces points et fournir par croisements, des indications sur d'autres types de sources qui pourraient compléter la problématique « châteaux et atlas », telles que les cherches de feux ou visites générales, pour les périodes antérieures à la confection de l'atlas au xviiie siècle.

Jean-Charles Ducène Jean-Charles Ducène

Maître de conférences à l’université libre de Bruxelles et invité à l’université de Lille 3

La représentation des fortifications dans les manuscrits arabes, persans et turcs (xiie-xviiie siècle) : idéalisation et stéréotype

En l’absence de tradition de dessin architectural dans le Proche-Orient médiéval, même les ouvrages de topographie ne tentent pas de représenter les réalités urbaines qu’ils décrivent. Les quelques exemples de représentations de fortifications se trouvent dans des ouvrages de géographie plus généraux où, de manière très ponctuelle, on nous montre une partie de muraille ou des constructions défensives. Que les exemples soient arabes, persans ou turcs, il apparaît que le problème du rendu des trois dimensions a été solutionné par l’usage de la perspective « à registres », la perspective aérienne n’apparaissant qu’au xviiie siècle dans le monde ottoman sous l’influence d’ouvrages occidentaux. Ce sont des vues frontales des éléments représentés (porte, mur crénelé, tour) qui sont données à voir, et leur empilement en registres simule l’éloignement de l’observateur. La proportion entre les éléments de la construction comme la multiplicité des points de vue autour de l’image montrent aussi que celle-ci n’est pas conçue pour être un rendu mimétique visuel de la réalité mais plutôt une représentation conventionnelle.

La conséquence directe de cette conclusion est que leur emploi en archéologie ou comme témoins de l’histoire du bâti est très délicat. En outre, les mêmes conventions dans le dessin comme les éléments iconographiques se retrouvent dans les illustrations des œuvres littéraires d’imagination, de sorte que l’on peut s’interroger sur la volonté réelle du peintre à chercher à rendre une réalité urbanistique particulière ou simplement à produire une illustration vraisemblable. Même lorsque les Ottomans développent à des fins stratégiques, au xvie siècle, des vues des villes fortifiées, le rendu de la réalité reste dans les contraintes des conventions traditionnelles et les miniatures de Matrakci Nesuh sont ainsi empreintes de symbolisme dans leur visualisation des défenses urbaines.

André Bouvard

André Bouvard

Docteur en histoire, EA 1132 Hiscant-MA

Châteaux et bourgs dans la cartographie ancienne de la principauté de Montbéliard (début du xviie siècle)

Partagée entre le nord de la Franche-Comté et l’Alsace centrale, la principauté de Montbéliard fut gouvernée pendant près de quatre siècles (1397-1793) par la dynastie allemande des Wurtemberg. C’est à elle que l’on doit la première carte manuscrite du petit État. Celle-ci, achevée par l’architecte-ingénieur Heinrich Schickhardt en 1616, fut malheureusement détruite lors d’un bombardement de Stuttgart en 1944. Par chance, la Société d’émulation de Montbéliard en avait conservé de bons clichés réalisés en 1895. En 1997, elle décida d’entreprendre une restitution de la carte qui fut publiée sous le titre Carte de Montbéliard/Landtafel von Mömpelgard.

Ce fut le point de départ de nouvelles recherches qui aboutirent à la découverte de trois cartes manuscrites, contemporaines de la première et inédites pour deux d’entre elles. L’exposé visera à expliquer les causes de cette multiplication des relevés topographiques, à étudier la manière dont sont représentés - entre autres - les châteaux et les villes et à voir dans quelle mesure l’historien des peuplements castraux peut tirer parti de cette iconographie.

Nicolas Faucherre

Nicolas Faucherre

Professeur à l’université d’Aix-Marseille, Responsable de l'équipe de castelollogie du CESCM de Poitiers (UMR 6 223 du CNRS)

Documenter une forteresse disparue par les atlas militaires européens : le cas du Montroyal (Rhénanie-Palatinat)

Parmi les phœnix disparus sitôt construits de Vauban, en pendant à l’autre cas emblématique qu’est Dunkerque sur le front nord du Pré Carré de Louis XIV, le Montroyal à Traben-Trærbach, dans un méandre de la Moselle, constitue aujourd’hui une pomme de la réconciliation franco-allemande. « Réunie » à la France avec le Palatinat en 1681, la ville neuve militaire pentagonale de 50 ha est construite ex nihilo par Vauban et Choisy en 1687 et rapidement peuplée pour atteindre 5 000 habitants dix ans plus tard. L’espionnage du chantier a fait l’objet d’une documentation graphique exhaustive par tous les états-majors ennemis de la France d’alors. Dès 1694, Vauban lui-même écrit à propos du Montroyal : « Celle-ci est une pierre de scandale au milieu de quatre électeurs, qui leur donne une inquiétude effroyable : elle est très difficile à soutenir par son éloignement de nos autres places et d’une fort grande dépense pour ce qui regarde sa fortification, l’entretien et subsistance de sa garnison et de ce qui en dépend, qui va du moins à un million par an. » En 1697, en vertu du traité de Ryswick, la ville et ses fortifications sont scrupuleusement rasées, tandis que la population est déportée vers Saarlouis. Il faudra attendre la montée du nazisme en Allemagne pour que ses vestiges soient peu à peu redécouverts.

L’adaptation d’une forme stellaire parfaite sur la croupe d’une montagne quasi-totalement ceinturée par la Moselle, la rigueur du plan d’urbanisme et la commodité des bâtiments militaires, la puissance des bastions casematés servant de magasins à l’épreuve pour aller porter la guerre chez les princes palatins, tout Montroyal a longtemps constitué un cas d’école pour la formation des ingénieurs, au point qu’on en possède une documentation graphique surabondante dans les atlas militaires français. La répulsion contemporaine en Europe associée à la fascination française a posteriori constitue ainsi une documentation graphique de premier ordre pour documenter la place forte, malheureusement contradictoire.

Victorien Leman

Victorien Leman

Doctorant à l'université de Picardie, laboratoire TRAME (EA 4 284)

Les châteaux des sires de Créquy : étude d'un réseau résidentiel de la moyenne noblesse artésienne et picarde (XIVe-XVIe siècle)

Cette communication étudiera le thème de l’atlas au sens de géographie et politique des implantations résidentielles d’un lignage à la fin du Moyen Âge.
La famille de Créquy, petit village du Haut-Pays d’Artois, au sud de l’actuel département du Pas-de-Calais, apparaît dans les sources dans le courant du xiie siècle. À cette période, le lignage possède une petite mouvance de quelques seigneuries, dont Créquy, Fressin et Sains sont les trois principales, qui constituent une pairie du Comté de Saint-Pol. Les chefs de famille qui se sont succédés à la tête du lignage ont vraisemblablement bénéficié de leur situation de mouvance frontière aux confins des comtés de Saint-Pol, de Boulogne et de Ponthieu.

Après une éclipse dans le courant du xiiie siècle, en raison de dettes accumulées par la famille, les Créquy acquièrent dès le xive siècle un certain  nombre  de seigneuries en Picardie, en même temps que ces territoires passent dans l’escarcelle des ducs Valois de Bourgogne. Au xve siècle, Jean V de Créquy, capitaine, chambellan et diplomate de Philippe Le Bon puis Charles Le Téméraire accentue fortement ce mouvement d’acquisition de seigneuries et résidences. Avec le xviie siècle, et le retour des Créquy dans l’orbite du Roi de France, le lignage se voit définitivement rattachée aux terroirs picards. La communication tentera de mettre en lumière les raisons et procédés de cette politique résidentielle. A cet égard, l’étude des changements de résidence principale est particulièrement révélatrice de l’évolution de l’emprise socio-politique du lignage.

Châteaux et iconographie

Clémence Mathieu

Clémence Mathieu

Docteur en histoire de l’art et archéologie, aspirante FRS-FNRS, ULB Bruxelles-KUL Leuven

Les habitats de la petite noblesse dans l’ancien comté de Hainaut (XVe-XVIIIe) et leur représentation dans les albums de Croÿ. Un état de la question

Le but de cette analyse sera de considérer dans quelle mesure les Albums de Croÿ peuvent servir comme source d’analyse des habitats nobles dans les anciens Pays-Bas en général, et dans le comté de Hainaut en particulier. Ces œuvres de prestige à prétention artistique, sont constituées d’une série importante de gouaches réalisées par Adrien de Montigny, peintre de Valenciennes, pour le compte du duc Charles de Croÿ, de 1595 à 1611, afin de faciliter la gestion de ses domaines. Ces gouaches, qui mettent l’accent notamment sur les centres villageois, les châteaux et les églises, sont aujourd’hui publiées sous la forme de 26 volumes, et concernent diverses régions des anciens Pays-Bas, dont le comté de Hainaut.

Ces Albums constituent ainsi une source iconographique exceptionnelle et systématique, qui est cependant à replacer dans le contexte de la peinture de l’époque et de ses conventions. Ainsi, nous tenterons de mettre en lumière les éléments qui peuvent être mis en parallèle avec la réalité, et ceux qui sont issus de l’imaginaire, afin de dresser un cadre de lecture et de voir dans quelle mesure ces représentations peuvent être utilisées dans une analyse architecturale.

Marie Henrion

Marie Henrion

Doctorante à l'Université catholique de Louvain ; cotutelle avec l'Université de Poitiers - CESCM

Délices et atlas : la représentation des châteaux forts aux païs de Brabant et de Liège dans les documents iconographiques du XVIIIe siècle

En Belgique, les sources textuelles sont souvent lacunaires pour la période médiévale, et plus particulièrement pour les xiiie et xive siècles. Pourtant, un nombre élevé de châteaux ont été construits à cette époque, sur ce territoire. Beaucoup ont subi les conséquences des campagnes militaires ravageuses des siècles suivants. Il ne reste alors plus que des murs arasés pour se souvenir de ces monuments. Dès la fin du xviie siècle, et même antérieurement, une profusion d’illustrations de ces châteaux apparaissent dans des ouvrages géographiques et historiques.

De Jan Baptiste Christyn à Remacle Leloup, les dessins, gravures et lavis sont riches de nombreux détails, souvent négligés dans les études actuelles sur ces monuments. Afin de remédier à cette lacune, le sujet de la communication portera sur la représentation, au xviiie siècle, des châteaux construits à l’époque médiévale dans le duché de Brabant et la principauté de Liège.

Jean-Bernard de Vaivre

Jean-Bernard de Vaivre

Correspondant de l’Institut, président de la Société de l’histoire et du patrimoine de l’ordre de Malte

« Je vous envoie en paincture la cité de Rhode et le siège des Turcqs » : Représentations de Rhodes au lendemain du siège de 1480

La découverte aux Archives du Vatican, lors de travaux préparatoires à l'édition des textes des récits du siège de Rhodes de 1480 dont Laurent Vissière et Jean-Bernard de Vaivre préparent l'édition, d'un brouillon annoté du texte de Guillaume Caoursin, vice-chancelier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, destiné au copiste et à l'enlumineur du manuscrit destiné au grand maître Pierre d'Aubusson, apporte un éclairage nouveau non seulement sur le récit d'un épisode historique important, mais renouvelle aussi nos connaissances sur les rapports du texte et de l'image.

Il s'agit d'un témoignage unique d'une chronique dont l'auteur est contemporain des faits qu'il rapporte et prouve que les illustrations qu'il a alors adressées au peintre – lesquelles sont aujourd'hui conservées – sont d'une exactitude surprenante. La comparaison de ces peintures, comme de celles qui en ont immédiatement dérivé, et des éléments architecturaux aujourd'hui subsistant permettent de prouver le saisissant réalisme tant de la figuration des épisodes relatés du siège que des dispositions précises de l'agencement de la cité et de son système de fortification.

Maria-Beatrice Bettazzi

Marie-Beatrice Bettazzi

Docteur en histoire de l’architecture, université de Bologne

Les images de villes dans les châteaux de la Renaissance en Italie

Dans ma thèse de doctorat intitulée « Les villes peintes. Iconographie urbaine dans les palais du pouvoir italiens en ancien régime » (Le città dipinte. Iconografia urbana murale nei palazzo del potere italiani in epoca moderna, Università di Napoli “Federico II”, Facoltà di Architettura), j’ai mené à bien un inventaire des lieux où l’argument territorial devient le thème de la représentation. Celle-ci est souvent à fresque, dans des pièces bien précises, à l’intérieur de palais ou châteaux, qui sont sièges d’un domaine sur le terroir. Ce phénomène semble typique de la mentalité italienne de l’espace de la Renaissance jusqu’au xixe siècle.

À l’occasion de ce colloque, il serait intéressant d’affiner la recherche pour vérifier si le château, dans sa connotation chronologique, ou mieux typologique, offre des suggestions utiles et supplémentaires.
En général, le château,  dans la Renaissance italienne, laisse la place au palais urbain ou à la « villa » ouverte sur le paysage. Néanmoins, nous trouvons encore à cette époque, dans les peintures, des représentations à vocation territoriale dans quelques châteaux forts. C’est le cas avec les importantes séries de fresques à thème urbain et/ou paysager, comme Torrechiara (Parma), Palazzo Vecchio (Firenze), Artimino (Prato), Ferrara, etc.

Pierre-Yves Laffont

Pierre-Yves Laffont

Maître de conférences en histoire et archéologie médiévale, Université de Renne 2, UMR 6 566 AReAAH

L’apport de l’armorial de Guillaume Revel à la castellologie. L’exemple des sites foréziens de l’armorial

La Bnf conserve un exceptionnel manuscrit à peintures sur parchemin du milieu du xve siècle appelé communément l’« Armorial de Guillaume Revel ». La particularité de cet armorial, commandé par le duc de Bourbon Charles Ier, est le choix du commanditaire et de l’auteur de faire figurer sous forme de vignettes peintes de grande taille une représentation détaillée des châteaux, villes et villages fortifiés, abbayes et prieurés fortifiés relevant alors de la seigneurie des ducs de Bourbon en Auvergne, dans le Bourbonnais et en Forez.

Au-delà de son intérêt pour l’héraldique et pour l’histoire de la représentation des espaces, les vignettes de l’armorial de Guillaume Revel présentent évidemment un intérêt majeur pour l’histoire de la fortification et de l’architecture militaire. Châteaux et maisons fortes y côtoient abbayes et prieurés fortifiés, enceintes urbaines et villageoises.

Au-delà sans doute d’un certain nombre de stéréotypes, l’analyse des vignettes de l’Armorial – et notamment les vignettes foréziennes qui nous intéresseront plus particulièrement ici – nous permet, en association avec l’étude des sources écrites, planimétriques et archéologiques, de dresser un tableau général de ce qu’est la fortification en Forez (et plus largement dans un grand Massif central) à la fin du Moyen Âge. On y sent à la fois le poids du passé, avec par exemple ces tours maîtresses et leur chemise qui évoquent indéniablement les xiie ou les xiiie siècles, mais aussi le poids considérable des travaux menés à partir des années 1360 et jusqu’au milieu du xve siècle dans le contexte de la guerre de Cent Ans, travaux qui ont modifié avec une ampleur exceptionnel le paysage des fortifications (les premières extension urbaines sont désormais encloses par de vastes enceintes, les églises deviennent des forteresses, les ouvertures de tir adaptées aux armes à feu deviennent la règle…)

Alain Kersuzan

Alain Kersuzan

Docteur en histoire, université de Lyon 2, UMR 5 648

Les fresques des châteaux de Cornillon et de Pont-d’Ain au château des Échelles (Ain)

Le château des Échelles, à Jujurieux dans le Bugey, possède une série de fresques datées du début xvie siècle. Elles sont classées aux monuments historiques ; deux d'entres elles ont été restaurées. Le plus intéressant se trouve sur trois d'entre elles. 
La fresque de Pont-d'Ain (4 x 2,50 m) est datée très précisément de 1624 par un tout petit détail. Le grand château où sont nés et parfois morts la plupart des princes et princesses de Savoie est montré dans son intégralité depuis le bord de la rivière, mais avec des déformations afin de pouvoir représenter les cours. Pour autant, elle permet de situer des édifices aujourd'hui entièrement disparus. C'est sans doute le prestige de ce château qui a fait choisir au propriétaire de l'époque de le représenter en très grand format.
Une autre représente en perspective quatre châteaux les uns derrière les autres. Hors, cette vue est impossible car ils ne sont pas tous dans la même vallée. 
La troisième montre un château encore bien conservé à cette époque (Saint-Rambert) dont la barbacane a été transformée en pigeonnier. 

Ces fresques représentent les châteaux dont le seigneur de la région (Luires) était devenu le maître par achat, et il a fait peindre ainsi son patrimoine immobilier. Ce n'est pas un atlas, mais une sorte de catalogue extraordinairement riche d'enseignements. Ce qui est passionnant réside dans la vision, l'interprétation et la déformation voulue consciemment des édifices et de leur position géographique. Aucun de ces châteaux n'est conservé de nos jours, tous sont très ruinés. 
Outre les comparaisons possibles entre les vestiges, les renseignements donnés par la comptabilité châtelaine savoyarde et les images, il est possible de tirer une multitude d'enseignements historiques telle la catastrophique inondation de 1623 qui permet de dater si précisément la fresque de Pont-d'Ain. 
On peut aussi envisager la fierté du personnage dont la famille est ancienne mais qui, au Moyen Âge, n'était que d'une toute petite noblesse, fixée sur la maison forte des Échelles, et qui est parvenue à devenir seigneur de Pont-d'Ain. 

Ekaterina Bulgakova

Ekaterina Bulgakova

Doctorante sur l’architecture des châteaux français, univ. de Moscou Lomonossov

Les châteaux français dans les descriptions illustrées du royaume et dans les guides de voyage des XVIIe-XVIIIe siècles : choix, regroupement, mode de représentation

L’objectif de la présente étude consiste à examiner la place et le rôle attribués aux châteaux français dans les atlas illustrés représentant les divers villes et lieux du royaume et dans les guides de voyage à l’époque moderne. En fait, les châteaux peuvent s’inscrire de façons différentes dans des panoramas géographiques et des parcours à travers le royaume de France, en faisant partie des itinéraires de déplacements réels ou imaginés sur les routes du pays et parfois même au-delà de ses frontières. Ils servent des points de repère configurant et visualisant l’espace du royaume dans les descriptions topographiques du xviiie siècle, dont la Topographie françoise de Cl. Chastillon, la Topographia Galliae de M. Zeiller et K. Merian, ou Les Plans et Profilz de toutes les principales Villes et lieux considerables de France de N. Tassin.
Au siècle suivant, les vues de châteaux commencent à être incorporées régulièrement dans les guides de voyage portant sur la France en général ou sur certaines régions les plus visitées. Il faudrait citer les ouvrages de Fr. d’Alquié (Les Délices de la France), de J. Nemeitz (Séjour de Paris), de J.-A. Piganiol de La Force (Description de Paris), de C. Saugrain (Nouveau Voyage de France; Curiositez de Paris).

Ainsi, il s’avère particulièrement intéressant de pouvoir révéler les critères de choix des châteaux dans ces ouvrages, les objectifs de leur insertion et les stratégies de leur mise en valeur, de même que les principes du regroupement des images (place des châteaux parmi les forteresses et les villes fortifiées), sans oublier de s’interroger sur la nature des gravures. S’agit-il des originaux conçus et exécutés spécialement pour une édition, ou bien des images empruntées à des réalisations éditoriales antérieures. Il faudrait également analyser les modes et les techniques de représentation, les types de vues utilisés, les angles du regard sur l’ensemble architectural et paysager (figuré en entier ou seulement en partie), enfin, les particularités de la mise en page. Un examen simultané de ces deux grandes catégories de sources permettrait de préciser l’apport des images de châteaux à la conquête cognitive et l’appropriation spatiale du territoire de France à l’époque moderne, d’un côté, par les moyens d’une description géographique et historique, et de l’autre côté, grâce à la constitution d’un corpus de relevés et de vues topographiques.

René-Pierre Lehner

René-Pierre Lehner

Archéologue des bâtiments

Le palais des ducs de Dijon : dossier iconographique et découvertes archéologiques

La réfection du Musée des beaux arts de Dijon aurait pu être l’occasion d’une étude archéologique et architecturale complète du logis de Philippe le Bon. À défaut, les quelques observations qui ont pu être faites en dehors des heures d’ouverture du chantier ont tout de même permis de réviser profondément la connaissance que nous avions de ce bâtiment.

Ces nouvelles données permettent de jeter un regard nouveau sur l’abondante iconographie qui documente ce bâtiment.